
Pour le commun des mortels, quand on parle d’ingénieurs, s’impose l’image de Steve Job, inventeur du premier Macintosh et fondateur d’une entreprise désormais trillionnaire, ou encore d’Elon Musk, imaginant à lui tout seul la voiture nouvelle génération (Tesla), la vie sur Mars (SpaceX), et le train supersonique (Hyperloop).
Mais loin de l’image de savant fou, de génie expert en tout, l’ingénieur est avant tout un « animal social ». C’est en s’appuyant sur l’expertise de leurs collègues et en alliant leurs forces que les ingénieurs parviennent à réaliser des projets qui défient l’entendement. Alors, un pour tous et tous pour l’ingénierie ?
L’ingénierie ou l’art d’associer des compétences différentes
Frédéric Chéneau est responsable du développement international d’Assystem. Au cours de sa carrière et avec sept années passées à l’étranger, il a développé une expertise pointue dans le secteur du nucléaire. La capacité à solliciter les bons interlocuteurs au sein de l’entreprise est, d’après lui, une qualité précieuse pour adresser de nouveaux marchés. « Dans un domaine aussi sensible que le nucléaire, une étroite collaboration en interne est indispensable pour comprendre les attentes du client et bien y répondre. L’une de ses missions actuellement : vendre en Turquie des services similaires à ceux réalisés précédemment aux Émirats Arabes Unis dans le cadre d’un projet financé par la Russie. Un bel exemple international de travail en équipe.
Autre exemple de belle coopération interne a été l’obtention d’un contrat de caractérisation de sites en Arabie Saoudite. Cette mission consistait à étudier différentes localisations susceptibles d’accueillir une centrale nucléaire vis-à-vis de risques divers comme sismiques, océanographiques, météorologiques… Dans un pays comme l’Arabie Saoudite, désertique, subissant de fréquentes tempêtes de sable, et entouré de mers chaudes, le challenge technique est de taille. « La légitimité technique de nos équipes turques, combinée à notre présence en Arabie Saoudite ainsi que la notoriété d’Assystem dans le domaine de l’ingénierie nucléaire nous ont permis de remporter le contrat » explique Frédéric Chéneau. Une réussite qui n’aurait pas pu avoir lieu sans la mise en commun des ressources et des compétences au niveau international.
Selon Frédéric, « on ne peut pas travailler en ingénierie dans un groupe international avec un développement comme le nôtre autrement qu’en équipe. C’est même le bon côté de notre travail, on prend beaucoup de plaisir à travailler ensemble ». L’esprit d’équipe intervient bien au-delà des seules équipes d’ingénierie : services juridique, financier, planification, contrôle qualité, sûreté nucléaire, financement de projets, digitalisation… Tous les métiers sont mis à contribution. « Jouer en équipe fait partie de nos valeurs d’entreprise. Nous partageons le même ADN, la même envie de gagner et de délivrer les projets » explique Frédéric Chéneau. « Finalement, Léonard de Vinci était peut-être le dernier génie à détenir l’intégralité des savoirs. De nos jours, les projets d’ingénierie nécessitent de combiner des expertises et savoir-faire de différentes personnes ».
La technologie au service de la collaboration
Sylvain Riss était responsable de l’intégration de BIM au sein de la Société du Grand Paris, Maîtrise d’ouvrage du Projet du Grand Paris Express. Il s’agit d’une technologie de modélisation des informations des ouvrages d’infrastructures, associée à des processus, permettant le partage d’informations tout au long des phases de conception, construction et utilisation. Dans ce cadre, son équipe et lui même ont formé et accompagné la montée en compétences de toute la maîtrise d’ouvrage de la SGP (quelques 200 personnes) afin d’implémenter le BIM management au sein de la construction des lignes de métro du Grand Paris Express.
Avec 4 nouvelles lignes de métro dont 90 % en souterrain, 68 nouvelles gares, quelques 15 tunneliers à fin 2019 et un budget total de 38 milliards d’euros, le Grand Paris Express est un projet sans commune mesure, le premier du genre en Europe. Hors des pratiques traditionnelles, celui-ci soulève de nombreuses questions pour les différents acteurs. Dans ce contexte, l’intégration d’un modèle numérique unique permet de centraliser l’ensemble des informations pour les différents métiers, et force la collaboration entre les disciplines. « Lorsque nous ne savons pas comment résoudre un problème seul, il faut en discuter pour le résoudre ensemble, pour construire des solutions adaptées au contexte et aux personnes » explique Sylvain Riss. Car c’est bien la gestion de l’humain le plus complexe dans ce genre de projets d’envergure. « Les projets étant de plus en plus complexes, les interfaces à gérer plus nombreuses, le dialogue devient primordial. Écoute, bienveillance et ouverture d’esprit sont désormais aussi importantes que l’expertise technique ou la capacité d’analyse des ingénieurs ».
Pour Sylvain, « avec le numérique, l’évolution des métiers accélère. L’ingénieur doit faire preuve d’une grande curiosité pour s’adapter à des environnements fluctuants, et réinventer la manière de collaborer les uns avec les autres ». Le BIM est une des premières pierres de cette transformation digitale dans la construction.
« Dix cerveaux sont plus intelligents qu’un seul »
Pour Will Newsom, senior engineering manager chez Assystem UK, l’ingénieur est un solutionneur de problèmes à grande échelle. « Quand on réduit la fonction d’ingénieur à son essence, il ne s’agit rien de plus que de la résolution de problèmes. Mais c’est l’unicité de ces problèmes qui rend le poste intéressant. Plus le sujet est complexe, plus c’est passionnant ». C’est bien l’objet de son travail : développer des technologies innovantes de l’industrie 4.0 et les appliquer au nucléaire. Ces technologies servent notamment à administrer la gestion des ressources, ou encore à inspecter des installations nucléaires à distance grâce à la vision industrielle (“machine vision”). Ces innovations permettent notamment d’accélérer les opérations et de réduire les risques pour les employés des centrales.
Will Newsom en est convaincu, si Assystem a réussi à asseoir sa position de conseiller de confiance auprès des acteurs du marché, c’est grâce à son expertise dans le domaine de l’ingénierie et la capacité des équipes à comprendre les besoins et attentes de leurs clients. Dans son équipe, se côtoient des ingénieurs d’étude, des experts techniques ou encore des managers de projets, sans compter ses collègues spécialistes en génie électrique, mécanique ou autre, que Will peut solliciter en fonction des besoins. « Notre équipe est en constante interaction avec nos clients. Communiquer clairement, à la fois en interne et en externe, est crucial pour le bien des projets ».
Si la collaboration fonctionne aussi bien entre les membres de son équipe, c’est que Will Newsom a accordé beaucoup d’importance à la capacité d’intégration des différents membres lors de leur recrutement. « La réussite est celle de l’équipe ». Ainsi, au cours d’un récent projet d’évaluation de la performance de caméras pour EDF, deux de ses collègues ont coup sur coup trouvé une solution pour résoudre deux problèmes consécutifs. Pour Will Newson, « sans les solutions proposées par mes collègues, l’évaluation aurait été annulée. La réactivité a fait le succès de ce projet ». La collaboration ne se cantonne pas aux membres équipe. « Dans le cadre d’un projet d’analyse du conditionnement des déchets nucléaires, nous avons fait appel à de nombreux collaborateurs en interne mais aussi chez nos clients. Cela nous a permis de mettre en commun les expériences individuelles, de récolter les opinions de chacun, et d’élaborer un projet inouï, intégrant un grand nombre de technologies ensemble ».
Finalement, Frédéric Chéneau, Sylvain Riss, Will Newsom et leurs équipes incarnent parfaitement cette citation de Charles Darwin : “In the long history of humankind (and animal kind, too) those who learned to collaborate and improvise most effectively have prevailed”. (« Dans la longue histoire de l’humanité (et du genre animal aussi), ceux qui ont appris à collaborer et à improviser le plus efficacement ont prévalu »).
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