
Entre France et Angleterre, Nicholas Morris vit aujourd’hui un challenge quotidien : celui de développer le business d’Assystem autour du projet d’EPR britannique Hinkley Point C. « Fascinant », selon lui. Portrait.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 31 ans. Je suis né aux Pays-Bas de deux parents britanniques qui voyageaient beaucoup pour leur travail. J’ai ensuite vécu et étudié en Angleterre. J’ai ainsi obtenu un master d’ingénierie mécanique à l’Université de Sheffield, avant d’étudier à l’INSA de Lyon. Je suis alors tombé amoureux de la France. J’ai commencé à travailler là-bas, en 2011, en tant qu’expatrié au sein du bureau d’études d’ingénierie nucléaire pour la filiale anglaise d’EDF. En 2016, j’ai été embauché par Assystem. J’y ai eu trois rôles principaux depuis. Project manager pour soutenir le projet anglais Hinkley Point C (HPC) puis, en 2017, je suis devenu chef de projet pour le Small Modular Reactor (SMR), un projet d’innovation en interne. J’ai alors pu construire une équipe dédiée avec laquelle j’ai livré un rapport commun à la France et au Royaume-Uni lors de la World Nuclear Exhibition de juin 2018. Après quoi j’ai été nommé Responsable Commercial pour le projet HPC, rôle que j’exerce toujours.
Peux-tu nous décrire tes missions ?
Il s’agit de développer le business d’Assystem en Angleterre, et pour le projet HPC en particulier. Nous sommes partis de zéro lorsque j’ai pris le poste en 2018. Un jour je rencontre un nouveau client potentiel, un autre je fais un recrutement. Faire du business développement implique d’être polyvalent.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton travail ?
Le challenge ! Le fait de partir de zéro et d’obtenir la confiance du client. Au départ, nous étions deux à gérer le business pour le projet HPC localement et aujourd’hui nous sommes 50. On s’apparente donc à une start-up en phase de croissance. On doit se poser les bonnes questions, consolider notre équipe actuelle, nos finances, et gérer le recrutement et notre développement futur. C’est fascinant. Je suis en développement personnel continu.
En quoi être ingénieur chez Assystem constitue une expérience unique ?
Le fait de participer à des projets très variés et très innovants. Après avoir travaillé sur le SMR, aujourd’hui je suis de près l’évolution du projet HPC, tout en œuvrant au développement d’une équipe experte sur place : nous sommes 50 et nous prévoyons d’être 80 à la fin de l’année. Vivre cette expérience, ce n’est pas donné dans toutes les entreprises.
Quelles compétences requiert ton poste et plus généralement le projet sur lequel tu travailles ?
Une connaissance des enjeux du pays, des opérateurs du projet, un bon relationnel, une grande ouverture d’esprit et bien sûr une expertise nucléaire. Finalement, en tant que Franco-Britannique, je dois aussi être « un pont métaphorique » entre les deux entités d’Assystem. Je peux faire preuve d’anticipation pour faciliter la communication et identifier en amont les possibles points de blocage. Le fait d’avoir baigné dans une culture internationale depuis ma naissance est, je pense, un atout.
Y a-t-il des choses à connaître avant de se rendre au Royaume-Uni ?
Même si nous sommes voisins, nous avons évidemment quelques différences. Au Royaume-Uni, on mange plus tôt par exemple et plus rapidement. Les Anglais travaillent rarement au-delà du créneau 9h-17h car ils s’arrêtent 20 minutes à midi. En termes de compétences, je dirais que les ingénieurs français abordent mieux un problème technique. En revanche, les Anglais sont souvent plus autonomes et proactifs, car les parcours académiques du pays sont construits autour de travaux en mode projet. Mais rien d’insurmontable. Au contraire, nos différences permettent à chacun de s’enrichir de l’autre.
As-tu une anecdote à nous raconter ?
Ayant vécu un tiers de ma vie en France, et partageant désormais mon quotidien entre les deux pays, je me suis aperçu que j’avais adopté quelques traits plus méditerranéens. Par exemple, je m’exprime de manière plus claire, directe et succincte qu’un Anglais qui dit qu’il est d’accord alors qu’en fait non. C’est assez marrant, car cela montre à quel point les horizons dans lesquels on évolue nous influencent.
Quels conseils donnerais-tu à un ingénieur qui souhaite s’installer au Royaume-Uni ?
Le projet HPC va se poursuivre plusieurs années encore. D’ici quelque temps, une deuxième phase nucléaire verra le jour avec Sizewell C. Les opportunités professionnelles sont donc nombreuses pour les ingénieurs. Au sein d’Assystem, ils pourront vraiment développer leur carrière en passant par deux ou trois postes sur 5 ou 6 ans par exemple. Mes seuls conseils seraient donc, de saisir les opportunités offertes par les beaux projets en cours et à venir d’une part, et d’autre part, d’être ouverts à l’idée de questionner la manière dont on a l’habitude de faire de l’ingénierie. Car ce sont des projets multipartenaires.
Ainsi on devrait toujours avoir « a questioning attitude », pour mieux répondre aux enjeux de sûreté nucléaire et sortir grandi de chaque expérience.
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